Rosalie Jetté et les filles-mères au XIXe siècle, Micheline Lachance
On connaît bien Micheline Lachance pour ses romans inspirés de personnages qui ont fait l’histoire du Québec. On pense ici à Julie Papineau ou Lady Cartier. Mais l’auteure est avant tout historienne, et son mémoire de maîtrise a porté sur un aspect méconnu d’un XIXe siècle obscur, à savoir la création d’un lieu d’accueil des filles-mères, les pénitentes comme on se plaisait à les appeler -et les juger! Après un régime français un peu plus égalitaire, où les femmes abusées pouvaient intenter un procès à leur « bourreau ». Le XIXe siècle devient, lui, plus moralisateur, où ces filles -car elles sont souvent assez jeunes et, majoritairement célibataires- étaient ostracisées, responsables des abus qu’elles devaient souvent subir de leur patron. On peut faire un rapprochement avec cette jeune brésilienne récemment excommuniée parce qu’on l’a mise enceinte. Ces filles sans instruction, sans moyen de défense, objets de plaisir souvent pour celui chez qui elles travaillaient, sont mises à la rue dès qu’elles deviennent encombrantes et que leur ventre témoigne de leur état. Loin de témoigner d’une empathie pour ces pauvres victimes, l’Église d’ici les a traitées de pécheresses, même si elle a appuyé la fondation de lieux d’accueil. Après la fiction avec « Les Filles tombées », Micheline Lachance apporte ici un éclairage scientifique de cette difficile réalité. Son essai, adapté de son mémoire de maîtrise, se lit agréablement. On pourra en savoir plus lors d’un entretien qu’elle donnera à la librairie le samedi 6 novembre à 11h.